Je pensais avoir enfoui ça, je pensais avoir pansée mes blessures, pansée mon âme. Et puis après quelques recherches sur les traumatismes vécus, je suis tombée sur cette phrase :
« Il me semble que, lorsqu’on a été blessé dans sa vie, on est contraint de mettre en place, de tricoter un processus de résilience jusqu’à sa mort. La blessure est enfouie, maitrisée, transformée, mais elle ne guérit jamais complètement. » (Boris Cyrulnik)
Et je m’y retrouve complètement… Il y a quelques années, je vous ai fait part d’un traumatisme qui a eu lieu dans ma jeunesse. Ce genre de traumatisme où tu casses ta vie en deux… Le fameux avant / après. Je pensais avoir travaillé sur moi, travaillé sur mes émotions, m’être reconstruite petit à petit… Et puis, finalement, je pense que je ne suis pas totalement remise et qu’il va falloir que je compose à vie avec ce traumatisme. J’ai beaucoup de mal à accepter de devoir de vivre avec. Mais la première étape c’est l’acceptation dit on.
Je m’ouvre beaucoup plus rarement ici par cause du jugement et du voyeurisme. Mais aujourd’hui, j’en avais besoin. Un peu comme mon psy 2.0 depuis 6 ans maintenant. Je pense que partager son vécu en public aide à avancer pour soi mais peut également aider beaucoup de personnes en quête de réponses à leurs vécus. Le partage d’expérience aide à faire avancer certains.
Il y a 12 ans maintenant, 12 ans !!! Ça me parait une éternité ! Il s’en est passé des choses ! J’ai eu un accident de la route assez grave avec mon mari d’aujourd’hui. J’étais jeune, j’avais 17 ans, j’étais encore qu’un bébé. Tout à basculé en 1/4 de seconde.
Ce traumatisme, je t’en parle ici, a changé ma vie à jamais. Je pensais que le temps panserait mes blessures et que ce choc finirait par s’effacer doucement. Il s’est effacée un peu plus chaque jour de ma mémoire mais pas de mon corps.
Ce week end, nous prîmes la voiture pour nous rendre à Center Parcs. Nous roulions sous une pluie battante jusqu’au moment où j’ai compris que l’on aurait pas d’autres choix que de passer par là où tout aurait pu s’arrêter, 12 ans plus tôt. Une fois que mon mari me l’a dit, j’étais pétrifiée, terrorisée à l’idée de passer par là. C’est à ce moment, que j’ai compris que c’était toujours présent, enfoui tout au fond de moi. Je me suis mise à trembler et à avoir les yeux mouillés. Essayant tant bien que mal de ne pas montrer mon stress et mon inquiétude à mes enfants. (1/2 dormait)
Une fois arrivés, à cet intersection que j’ai reconnu de suite, j’ai fondu en larme, des flashs me sont revenus. J’ai essuyé mes quelques larmes qui coulaient le long de mes joues dans le miroir de la voiture et j’ai eu un flash. Je me suis vue ce jour là me regardant dans le miroir quelques secondes avant l’impact. Je me suis rappelée que mes cheveux étaient lissée, que j’avais le visage fin et de ce que je portais ce jour là. Et j’ai tout revu du choc jusqu’à ma sortie de l’hôpital.
Je te raconte tout ça non pas pour me faire plaindre, je suis de très loin malheureuse et j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir aujourd’hui en parler, vivre, ressentir et être devenue maman et épouse. Beaucoup vivent des événements atroces et bien plus traumatisants. Je suis heureuse et épanouie, il y a juste cette ombre au tableau qui est là et qui ne veut pas partir.
Si je te raconte ça, c’est que d’une j’en ai besoin. J’ai toujours eu ce besoin d’extérioriser ce qui me pèse et si je le fais en public, c’est pour rappeler à tout ceux qui prennent le volant chaque jour que vous n’êtes pas tout seul. Que tout peut basculer, et tout peut très vite s’arrêter.
Je pense également qu’il est important de partager ce vécu pour rassurer aussi toutes les personnes qui ont vécu un traumatisme, il y a longtemps ou récemment. Revivre parfois un traumatisme et être confronter à un lieu rappelant de mauvais souvenirs peut être hyper déstabilisant. Je pense que c’est normal d’y penser parfois, normal que les blessures ne se referment pas totalement, que oui ça peut être compliqué à gérer. Mais bordel, ça fait chier ! J’en avais besoin pardon ! 🤣
J’avais cette hantise de passer par cette route depuis 12 ans, cette peur au ventre qui ne s’explique pas. Je pense que j’ai fait un grand pas pour l’acception de cet événement pour mon esprit. Je me sens plus apaisée depuis y être passée. Et puis, sur le retour, je n’y ai quasiment pas prêté attention.
Je sais que depuis ce traumatisme, j’ai changé. J’ai plus (+) peur de la mort, l’avoir vu en face ça fait tout drôle. Alors que normalement ça devrait être l’inverse. Mais j’ai tellement pris conscience que ma vie était précieuse et que j’avais envie de vivre longtemps, vivre heureuse et profiter de chaque moment de la vie et surtout de mes proches…
La vie est belle ! Et quand on s’en rend compte … On veut la vivre à 3000 % !! Apprécier chaque instant de la vie qu’il soit positif ou négatif ! Car la vie c’est ça ! On n’est jamais tranquilles pour toujours mais qu’est ce qu’on se ferait chier sinon ! Non ? 🤣 Une vie trop lisse, c’est une vie trop fade et monotone. Le piment ! L’amour ! La joie ! La tristesse ! La colère ! La sexualité ! Le bonheur ! La maternité ! La honte ! La naïveté …
Tant d’émotions et de moment de la vie que je suis heureuse de vivre ! Et d’avoir la chance de vivre ! ❤️
Sachez profitez de votre vie même si elle ne ressemble pas en tout point à ce que vous voulez qu’elle soit ! 😘

Marine
L emdr fonctionne bien pour ce type de traumatisme
Bonjour, j’ai perdu mon papa il y a 2 ans, nous avons d’abord vécu la disparition fin janvier, la découverte d’un corps mi février et l’enterrement mi mars. Nous n’avions pas de rapports d’amour avec mon papa et je l’avais vue pour la dernière fois 9 mois avant, et c’était la dernière fois où il avait vu mon petit garçon de presque 1 an. Nous n’avons pas compris son geste, mais soit… Cela fait 2 ans que je vais sur sa tombe et que je suis encore en colère et je n’ai pu aller à l’endroit où on a trouvé son corps que la semaine dernière, c’était impossible avant et pourtant, c’est près de chez moi. D’avoir fait cette visite va peut être me permettre d’être moins en colère et de laisser couler les choses. Le premier pas est toujours le plus dur je pense. Bonne continuation
Merci pour le partage d’expérience ! il y a des traumatismes qu’on n’oublie pas, on les enterre, mais ils sont toujours là ! Je pense le fait d’y être repassé devant, de l’avoir revécu, fut une bonne chose, même si cette étape fut difficile à vivre !
Je traîne pas mal de traumatismes derrière moi aussi… 3 gros en fait… Et en effet ils sont là à vie… Et. Parfois. On n’arrive pas à gérer, parfois on y arrive… Mais dans tous les cas savourons ce qu’on nous offre ❤️
Merci d’avoir raconter ton histoire…on essaie d’avancer, on met ce qu’il s’est passé de côté, dans un tiroir, que l’on ferme…et qui parfois s’ouvre de nouveau et fait tout ressurgir…on n’oublie jamais…on avance et on poursuit sa vie… il y a 1 an, je perdais mon chéri, le pere de notre petit garçon de 3 ans et demi, dans un accident de la route…jy pense tous les jours…